Propositions pour l’abstraction
Proposals for abstraction
De nombreux artistes abstraits m’ont intéressé comme François Morellet ou encore Vera Molnar, que j’avais eu le plaisir de rencontrer et d’interroger pour une recherche ; leurs travaux ont dégagé des perspectives et déclenché des explorations diverses.
Voir l’album en bas de page.
La pratique qui s’est engagée alors m’a permis de rencontrer d’autres artistes mobilisé-es par des questionnements similaires. Pour certain-es nous avons cheminé ensemble et j’ai eu le plaisir d’en regrouper quelques-un-es dans une exposition collective de 2022.
Quelles abstractions aujourd’hui ?
L’exposition présentait un dialogue visuel entre quelques pistes : la couleur et sa matière, le geste, la couleur et ses traces, la géométrie, le numérique, le jeu avec les codes picturaux, ou encore la recherche de protocoles qui concernent la réalisation d’une proposition, sa présentation dans l’espace et ses conditions de conservation.
Avec Christiane Ainsley, Attia Bousbaa, John Francis, Lena Hilton, Maelle Labussière, Christophe Le François, Antoine Perrot
Commissariat et coordination : Christophe Le François
Exposition présentée à la galerie d’art contemporain d’Auvers-sur-Oise.

Note d’intention
Sept artistes, sept parcours, sept singularités... à l’image de tout ce que peut nous permettre l’abstraction.
En abandonnant l’idée de représenter le monde, les artistes abstraits ont installé un espace sans conventions ; ouvert donc, mais vertigineux par l’infini des possibilités offertes : quelles formes, quels agencements, quelles organisations de la surface, quelles couleurs, quels formats, quelles présentations dans l’espace, quelles thématiques, quels liens avec l’histoire ou encore l’actualité… ? Chaque artiste engagé-e dans cette voie définit ses propres règles, dans un contexte précis et en résonance avec une histoire, pour construire un cheminement qu’il faudra ensuite assumer.
Christiane Ainsley
Christiane Ainsley propose une peinture abstraite réalisée en séries et parfois nommées. D’une manière générale l’artiste saisit les situations qui déclenchent une réflexion picturale par le biais d’une surprise : un matériau, un accident, ou encore la rencontre avec des artistes issus d’autres champs d’activité.
La série des 20 x 20 s’est s’engagée à partir d’un incident provoqué lors de la reprise de travaux antérieurs stockés dans l’atelier, une pratique habituelle pour l’artiste : de la peinture acrylique et du gel médium tombent de sa spatule à l’endroit du tableau qu’elle souhaitait retoucher. Une absence de contrôle du geste pictural qui devait révéler une ouverture à explorer.
Attia Bousbaa
Attia Bousbaa écrit des poèmes et peint. Ses peintures ont la simplicité déroutante du geste spontané. Chacune d’elles s’inscrit dans un cheminement rigoureux et marque une étape d’un long processus d’élaboration. Une fois réalisée la peinture est analysée pour être rejetée ou intégrée dans la série. Aussi faut-il voir la composition picturale non dans l’une des peintures conservées mais dans la série elle-même.
John Francis
La préoccupation artistique actuelle de John Francis concerne la réponse "sous-linguistique" de notre cerveau à l’abstraction, à la couleur et au design ; non pas inconsciente, mais primaire avant qu’aucune interprétation culturelle ou symbolique ne lui soit appliquée. Accro à la "couleur lumineuse" des images projetées, des néon ou encore des écrans, il cherche un moyen plastique pour l’utiliser et découvre les panneaux LED flexibles avec lesquels programmer des motifs colorés.
Lena Hilton
La peinture de Lena Hilton se caractérise par une économie de moyens : des couleurs primaires, de l’eau, de la toile de coton brute tendue sur châssis. C’est par ce biais qu’elle tente d’aborder les questions relatives à l’espace que définit la surface du tableau. Il s’agit de trouver le point d’évidence, de tension ou encore de fusion entre format, forme, geste et couleur, entre ce qui est peint et la manière de le peindre. Le tableau se construit par superpositions de couches de peinture acrylique très diluée. La transparence qui en résulte permet l’addition des couleurs directement sur la surface de la toile.
Maëlle Labussière
Maëlle Labussière poursuit un travail pictural rigoureux autour d’un unique motif très simple : la ligne. Les propositions sont multiples et toujours renouvelées.
Les papiers les plus récents, après une appropriation du support au moyen du pliage ou de partie cachée, font apparaitre un dispositif de recomposition de dessins réalisés à la bombe, tracés « à bout portant » : larges traces de spray ou trames de lignes fines. C’est toujours le geste qui domine, bref et définitif. Le vocabulaire graphique reste très réduit : la trace étant rendue visible par l’immédiateté d’une unique couleur.
En posant un regard rétrospectif sur l’œuvre de Maëlle Labussière, on constate la permanence du geste qui traverse l’espace, de sa répétition, et enfin, l’impression qu’à la manière d’un sismographe, cette œuvre enregistre les plus infimes expressions du temps qui lui est consacré. Jusqu’à l’épuisement : l’épuisement du sujet, mais aussi celui de la couleur quand le pinceau s’essuie sur la surface, laissant à peine une trace. Malgré l’économie des moyens, le caractère minimal du geste et du support, ce travail contient une charge énergique puissante et libératoire.
Maelle Labussière est représentée par la galerie Réjane Louin à Locquirec et la galerie AL/Ma à Montpellier.
Christophe Le François
Christophe Le François conçoit l’activité artistique comme un ensemble de problèmes à formuler et à résoudre, centrés sur les conditions d’émergence des œuvres et leurs conditions d’existence. Il en résulte des propositions où se combinent ce que l’esprit suggère, ce que les technologies et les matériaux induisent, ce que l’histoire nous apprend et ce que l’actualité nous révèle. Un cheminement qui se voudrait détaché de la répétition ou de la séduction, et qui s’accompagne du développement de notions artistiques singulières comme celles d’oeuvre-laboratoire, de pictème ou encore de pictosphère.
Antoine Perrot
Les œuvres d’Antoine Perrot suggèrent au regardeur une évidence même, comme autant de propositions qui seraient déjà présentes, immédiates dans leur capacité à énoncer le vocabulaire de l’abstraction. Cependant, en faisant des emprunts constants à des éléments extérieurs à la sphère artistique, elles font écho à un ensemble de strates culturelles, où se télescopent aussi bien les vertus de l’abstraction, le détachement du minimalisme et le cynisme du pop que des processus appartenant à la sphère du bricolage ou à la fausse naïveté d’un art qui serait brut.
Antoine Perrot est représenté par la galerie Lahumière (Paris) et la galerie Réjane Louin (Locquirec).
Voir sur ce site une présentation plus complète des artistes, de leurs œuvres et de l’exposition.
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A4 sur A3, salon de Montrouge 1985
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IMDV - CLFJFL, Ménagerie de verre, Paris, 1990
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Petits monochromes délictueux, série initiée en 1990 diversement actualisée ensuite
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3 pas + 1991.B / Interdit de restaurer, 1991, détail, présenté en diverses occasions
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Dispositif Fast /2-G - Une des séquences générées par le protocole : /2-G Série 3. Collection particulière. Série initiée en 1991
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Y’A TOUT, collection particulière, 1992
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3 pas +, de proche en proche, Galerie 175, Dozulé, 1993
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/2-D — 3 pas +, gravure sur carton, dans l’atelier des Lilas en 1993
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FAST /2-G 4890, facile à installer (prêt à l’emploi), ou à faire soi-même (œuvre en kit) ou à concevoir à partir d’un mode d’emploi. Présenté par la Galerie Attia Bousbaa, 1994
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PMD, procédés et accessoires, Galerie DU BELLAY, Mont-Saint-Aignan, 1994
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DELUX, installation réalisée dans le cadre de l’événement 7 FOIS RENVERSÉ, 8 FOIS RELEVÉ (environnement, textes et chorégraphies) sur une proposition de Marie-Dominique Wicker, galerie 175, Dozulé, 1994